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La chronique Ultra #2

Un défi peut toujours en cacher un autre, nos deux compères de l’ultra distance après le Paris Brest Paris de 2019 et entre deux confinements avaient validé leur inscription au premier BikingMan France en octobre 2020, pour une épreuve qui se déroulerait en juin 2021, si tout allait bien.

Entre période de doute sur la tenue de l’épreuve et entraînements perturbés par les règles des confinements successifs, voilà nos deux ultras enfin sur la ligne de départ le lundi 21 juin à 6h00 du matin parmi une petite centaine d’autres fondus de l’ultra distance (sur 150 inscrits et des désistements principalement dus à ce fameux Virus et ses variants) pour en découdre sur un parcours de 1000 km (1040 en réalité), 20 000 de D+, en autonomie totale, sans assistance et 120 heures étant la borne maximum pour rentrer à Le Cannet, ville de départ et d’arrivée.

J1- Si rien n’était gagné d’avance car beaucoup de paramètres sur une telle épreuve ne sont pas maîtrisés et restent aléatoires. Le plan de marche établi nous obligeait à nous arrêter de 23h00 à 6h00, couvre-feu oblige, mais comme les choses ne sont jamais figées d’avance, les règles ayant changé avec la levée de celui-ci une semaine avant le départ, nous avons pris la décision de ne rien changer et de procéder aux arrêts nocturnes prévus. Après un départ en fanfare, hé oui, même sur ce genre d’épreuve, nous voilà partis pour ce que nous espérons une belle aventure et sans trop de galère. Au trentième kilomètre nous affichions déjà plus de 1200 de D+ pour rejoindre le premier col du périple, celui de la Sine, et enchaîner sur un parcours accidenté qui empruntait entre-autre les gorges du Verdon et la route des crêtes, avec premier objectif Gréoux les Bains. Premier stop au bout de 212 km pour un dénivelé de 4000. Hôtel plein centre ville où le jour de la fête de la musique nous fait craindre le pire, notre chambre donnant juste sur la place principale. Réveil programmé pour 4h15 pour un départ à 4h45, sans petit déj, ce qui aura été, surtout pour moi, peut-être la situation la plus difficile à vivre, tout en sachant comme pour les jours suivants nous partons dans le flou le plus total quant à l’heure où nous pourrions rencontrer le premier commerce ouvert.

J2- Le point de chute de notre deuxième jour était fixé au Bed and Bike de Venasque à quelques encâblures du Ventoux. Massif de la Saint Beaume, Montagne St Victoire, Petit Galibier, traversée d’Aix en Provence et l’amorce du Luberon nous ont permis de vivre une journée tranquille, si 235 km pour 3369 de dénivelé peut être qualifié de tranquille, à nos yeux sûrement, au vu de ce qui nous attendait les deux jours suivants.

J3- Réveil 4h00 pour un départ effectif à 4h40, ce sera la seule fois sur les 5 jours, avec un petit déj avant de partir, sommaire mais pas le ventre vide. 6h00 nous voilà au pied du Ventoux que nous gravirons sans nous désunir puisque nous effectuerons la montée en 2h28, qu’il faut ramener aussi aux quasi 500 km déjà effectués et avec des vélos chargés d’environ 4 kg supplémentaires de bagage, autonomie totale oblige. Malaucène et sa première boulangerie seront les bienvenus pour un copieux déjeuner en terrasse et au soleil.  Pas trop le temps de traîner en route non plus, puisqu’au calendrier cette journée était cataloguée comme la plus dure pour rejoindre Chorges au bord du lac de Serre Ponçon, que nous atteindrons à 20h00, après 234 km pour 4720 de dénivelé.

J4- Encore une journée d’anthologie pour l’étape la plus courte en kilomètres mais où les difficultés nous attendaient de pied ferme. Départ 5h50 (presque la grasse mat) pour rejoindre le deuxième point de contrôle de Guillestre avec un stop en Boulangerie pour une orgie de croissants et pâtisseries diverses. Guillestre c’est aussi le point de départ du col de Vars que nous aborderons comme beaucoup de cols avec humilité. Stop du midi à Vars en terrasse et au soleil mais pas chaud quand même. Nous engloutirons notre énième Pizza qui fut peut-être la nourriture que nous avons le plus consommée sur l’ensemble de notre périple, pas forcément (quoi que pour moi) par adoration, mais surtout parce que cela va vite à préparer et à consommer. Qui plus est, il nous fallait bien cela avant le gros plat de résistance qui nous attendait : « Le col de la Bonnette » et sa vingtaine de kilomètres d’ascension.  Les 8° de température au sommet de La Bonnet nous ont incité à prendre nos précautions vestimentaires avant d’amorcer la descente, mais comme nous avions pris le parti de voyager le plus léger possible cela n’a pas suffi, les 25 km de descente pour rejoindre St Etienne de Tinée ne furent pas un calvaire, mais presque.

J5- La der avec un départ à 5h10 pour rejoindre Saint Sauveur de Tinée après une longue descente d’environ 30 km point de départ du premier col de la journée  « La Couillole » que nous gravirons avec le levé du soleil rendant l’endroit magique. Tiens, une auberge au sommet et quoi de mieux pour prendre le petit déjeuner en compagnie de Samuel et David que nous voyons quasi depuis le premier jour, un coup devant, un coup derrière suivant les arrêts des uns et des autres. Mais là, nous savons que nous allons quasi terminer ensemble. On nous a promis un final pas facile, on ne nous a pas menti. Après Valberg nous connaitrons une relative accalmie pour rejoindre Guillaume et les Gorges de Daluis pour arriver à Entrevaux, et là c’est reparti pour rejoindre les derniers cols prévus au programme « Le col de Bleine » mais juste avant « Le Col du Buis ». Pas énorme en kilomètres, une dizaine seulement mais dont les 4 derniers affichent un % moyen de 10.28% et un % max de 16.8%, ça pique ! et tout ceci avec le quasi millier de kilomètres déjà effectués dans les jambes. Après le col de la Bleine nous savions que les 50 derniers kilomètres ne seraient qu’une formalité puisque passant de 1439 m au niveau de la mer, cela ne pouvait que descendre. Là aussi ce fut le retour vers la civilisation après 5 jours de quiétude, coup de klaxon, trafic intense, traversée de Cannes et des communes périphériques pour rejoindre les jardins du Tivoli à Le Cannet, point de départ et d’arrivée à 18h09, dans la fourchette horaire que nous avions imaginée de 18h/19h, bouclant ainsi un périple où monsieur Garmin affiche 1044 Km et 19 400 mètres de dénivelé pour  54h51 de selle.

 

Pour compléter les stats : 48ème sur 96 au scratch. 6ème en duo sur 14 et avec nos 68 printemps (pour l’anecdote Jean-Louis s’est offert le Ventoux le jour de son anniversaire) les plus âgés de la course.

Nous avons côtoyé une famille où camaraderie, entraide, humilité, courage et bienveillance sont au programme chaque jour.

Pour exemple, je citerai nos deux compagnons, Samuel et David. L’un nous racontait ses petits problèmes de selle à Venasque soir du deuxième jour et surtout ne savait pas comment régler le problème avant qu’il ne soit trop tard. Bepanthen s’entend-il dire, et Jean-Louis de lui proposer son tube spontanément. Quant au deuxième, toujours à Venasque, nous conter son désarroi, au bord de l’abandon devant la tâche qui l'attendait encore. Cela nous faisait plus l’impression que ce n’était pas le physique qui était en cause mais probablement plus le mental. Nous lui avons conseillé d’oublier son objectif temps du départ, de découper ses prochaines journées et de se concentrer seulement sur la journée à venir.

Après l’arrivée nous eûmes l’agréable surprise de les voir arriver vers nous spontanément et nous remercier en nous disant que s’ils avaient réussi cela était grâce à nous. Mais non mais non, on n'a pas pédalé pour eux.

Rien que cela vaut toutes les récompenses.


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